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Le collège des femmes de la Cnop-Congo

Interview de Madame Hortense Dolorèss Kinkodila

La femme joue un rôle fondamentale dans la société et de surcroit dans le monde rural, où sa présence est très forte dans la production agricole. Forte de sa longue expérience, la Cnop-Congo a placé la question du genre et de l’appui aux jeunes au cœur de son action. Madame Dolorèsse Hortense Kinkodila, Vice-Présidente et Responsable du collège des femmes et des jeunes, nous parle des actions entreprises en faveur de ces deux couches des bénéficiaires de la Cnop.

Bonjour Madame. Pouvez-vous nous présentez le département que vous animez à la Cnop-Congo ?

Je suis Madame Dolorèse Hortense Kinkodila, Présidente du collège des femmes et Vice-Présidente de la Cnop-Congo. Pourquoi le collège des femmes ?  Nous avions constaté que dans la plupart des groupements que nous accompagnions, les femmes n’avaient pas de postes de responsabilité. On leur assignaient juste celui de trésorière. Comme si, c’était la seule chose qui leur convenait. Nous avons voulu avec le collège des femmes, inverser la tendance. Elles peuvent aussi diriger. Dans notre secteur d’activité, elles ont leur mot à dire et même plus encore, elles peuvent pencher sur les grandes décisions concernant le secteur agropastoral. Nous voulons traiter des questions spécifiques liées à leur condition. De même, nous avons créer un collège de jeunes (filles et garçons), car cette tranche d’âge aussi nous intéresse dans nos actions. Voilà pourquoi, dans nos rencontres, nous exigeons désormais que des pourcentages soient respectés à savoir 50% d’hommes, 30% de femmes et 20% de jeunes.

Aujourd’hui quel est l’impact de ce collège sur les activités des femmes ?

Aujourd’hui, grâce à ce collège, les femmes et les jeunes ont plus de possibilité de s’exprimer. En fait dans la continuité, nous avons juste créer au sein de la Cnop-Congo des espaces spécifiques d’expression et d’échanges. Dernièrement par exemple, nous avons réuni à Brazzaville des femmes et des jeunes femmes venues des départements pour des échanges et des partages d’expériences. Au cours de ces rencontres, les femmes s’expriment et proposent leurs idées sur notre secteur d’activité. Elles nous apportent beaucoup en terme d’informations et de pratiques. Par exemple sur la question du changement climatique, elles étaient en avance sur ce que nous considérons aujourd’hui comme une nouveauté.  Elles s’expriment et apportent leur contribution à cette question d’actualité. Elles analysent aussi avec beaucoup de lucidité, l’impact de ce phénomène sur le rendement de leurs activités.

De manière particulière, quels sont les appuis spécifiques que vous apportez aux femmes ?

À la CNOP, nous n’avons pas de ligne spéciale pour les appuis aux femmes. Toutefois, chaque fois que nous avons un financement, nous établissons, un quotas pour les groupements de femmes et de jeunes. Nous les accompagnement par des formations à améliorer leur condition de vie, à élaborer des documents de plaidoyer, à élaborer des projets à soumettre aux bailleurs, etc. on peut citer par exemple, dernièrement dans le cadre du projet FO4ACP, Santé Nature que nous avons accompagné pour le compte de la jeune fille, Kiessé dans la catégorie jeune homme, Delcoop, Bombanda et Tolingana pour le compte des femmes. Tous ces groupements ont reçu des appuis dans le cadre du renforcement de leurs capacités en termes de formation à l’élaboration et la gestion d’un projet d’entreprise, en termes d’équipements et de fonds de roulement. Nous avons découvert que les femmes et les jeunes ont des initiatives et ils ne leur manque qu’un coup de pouce pour aller de l’avant. Grâce à notre accompagnement, certains ont proposé des projets qui ont été financés par le Pdac, comme Delcoop-T et Santé Nature, et Kiéssé qui a été distingué comme meilleure entreprise des jeunes. Je peux vous dire aujourd’hui que cette expérience attire de plus en plus de femmes et de jeunes qui sollicitent notre appui.

Quelle est la politique de la Cnop pour maintenir cette ferveur pour ces catégories de femmes et de jeunes, surtout dans le domaine qui est le votre à savoir l’agropastoral ?

Nous continuons à plaider auprès de nos partenaires financiers pour que ces appuis aux femmes et aux jeunes restent constant. Nous avons reçu une jeune fille qui travaille avec nous sur l’aspect spécifique du renforcement des capacités de la femme et de la jeune fille. C’est pour dire, combien cela nous tient à cœur. Elle représente un de nos partenaires dont le siège est installé en Espagne. De même, nous nous battons pour intéresser les jeunes citadins à aimer le travail de la terre. Vous savez, le jeune Kiéssé a été la risée de certains de sa promotion. Aujourd’hui, il embauche de jeunes étudiants et cela nous renforce et nous encourage à faire plus pour eux. Le monde sort peu à peu du système de production agricole archaïque. Il y a des machines qui remplacent peu à peu le travail fait par les hommes. Les femmes, les jeunes doivent saisir cette opportunité pour aider notre pays à « consommer ce qu’il produit », au lieu de se tourner chaque fois vers l’extérieur. Je viens de visiter des jeunes qui ont fait 100 ha de maïs à Ignié. Et nous à la Cnop, suivons avec intérêt ce genre d’initiative. Eux produisent, certains de nos membres transforment. L’un de nos grands combat pour que surtout les jeunes s’intéressent au travail de la terre, c’est le problème du foncier. Comment faire pour que le jeune soit propriétaire de la terre qu’il exploite ? Il faut une politique incitative dans ce sens, à l’instar des jeunes formés pendant 2 ans à Agricongo, et qu’on avait installé sur la rive droit du fleuve à l’époque. Ces derniers devenus adultes sont peu à peu remplacés sur ces espaces par leurs enfants, mais ceux-ci doivent préalablement suivre la même formation à Agricongo. Vous voyez donc, que le métier se transmet et les producteurs restent aux mêmes endroits.

En tant que plateforme d’appui, quel est votre message aux pouvoirs publics et aux bailleurs de fonds en faveurs de vos membres ?

D’emblée, je peux dire que le Gouvernement ne nous accompagne pas. C’est plutôt grâce aux bailleurs qui comprennent notre vision que nous pouvons accomplir le peu que nous faisons. Hors, notre pays à initié une loi d’orientation agricole, qui devait définir, les modalité d’accompagnement des structures comme les nôtre par l’Etat. Nous faisons un travail de fond à la base. Parfois, nous arrivons là où les chefs de secteur n’arrivent pas. Nous ne les remplaçons pas, mais nous complétons le travail qu’ils font.  Mon souhait le plus ardent, serait que l’Etat se tourne enfin vers la Cnop-Congo et nous considèrent comme un partenaire technique avec qui composer. Nous avons besoin des financements de notre Gouvernement pour donner à nos agriculteurs, les moyens nécessaires de répondre positivement au message du Chef de l’Etat à savoir : « un peuple qui ne produit pas ce qu’il consomme, n’est pas un peuple libre »

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